Ascendance et Enfance
Cheikh Al-Hassan Dème naquit en 1920 (1340 H) dans le village de Sinthiou-Dangthé, situé dans l’actuel département de Podor. Il était le fils de Mohammed Samba Moussa et de Fatoumata Kelly, elle-même fille d’Ilymâne Bôyil. Il passa les premières années de sa vie dans son village natal jusqu’à l’âge de sept ans. C’est alors qu’il rejoignit son grand-père, Ilymâne Bôyil, chez qui il débuta ses études coraniques sous la direction de son oncle paternel, El Hadj Abdoul Kelly.
Éducation auprès de Cheikh Saïd Chu-ara
Par la suite, il se rendit à Kanel où il fit la rencontre d’un grand érudit, Thierno Saïd Chu-ara. Il demeura à ses côtés pendant quatorze années, au cours desquelles il étudia les sciences islamiques : le droit islamique, la littérature arabe, la grammaire, la morphologie, les fondements du fiqh, la logique, la rhétorique et bien d’autres disciplines. Il s’investit corps et âme dans le service de son maître, qui lui vouait une profonde affection.
Cheikh Saïd Chu-ara aimait l’observer longuement, lui disant souvent :
« J’espère que tu obtiendras la grande ouverture (al-Fath) et que tu accèderas à l’enceinte scellée du Seigneur (al-Wusûl). »
Il répétait ces paroles, voyant en lui un amour sincère pour la science et une grande assiduité dans l’adoration. Finalement, Cheikh Al-Hassan reçut de lui les enseignements de la voie de Cheikh Ahmed Tidiane, ainsi que ses secrets spirituels.
Rencontre de Thierno Al Hassane avec Cheikh Ibrahim Niass
Lorsque Thierno Saïd Chu-ara partit en pèlerinage à La Mecque, il confia ses disciples et ses affaires à Cheikh Al-Hassan Dème. Durant son absence, ce dernier assuma toutes les responsabilités. Malheureusement, Thierno Saïd rendit l’âme à Umudurman lors de son retour. Cette perte affecta profondément Cheikh Al-Hassan.
La nuit suivant l’annonce du décès, il s’endormit plongé dans une intense réflexion :
Où pourrait-il retrouver un maître aussi accompli dans la science, la droiture, la piété et la sincérité ?
Durant son sommeil, il fit un rêve dans lequel apparut le saint Chérif Mohamed Al Mokhtar. Celui-ci lui donna à manger trois poignées de mil, qui avaient un goût sucré. À la troisième poignée, Cheikh Al-Hassan, intrigué, lui dit :
« Ô Chérif, prie pour moi. »
Le saint lui demanda ce qu’il désirait, et il répondit :
« La science et la connaissance de Dieu (Ma’rifa Billah). »
Le Chérif pria silencieusement, cracha dans ses mains et les remplit de mil qu’il donna à manger à Cheikh Al-Hassan. Puis apparut dans le rêve Thierno Saïd Chu-ara, vêtu de vert et rajeuni, qui lui dit :
« Celui que tu cherches est à l’Ouest. »
Et il précisa :
« Va à Kaolack. Tu y trouveras Cheikh El Hadj Ibrahim Niass. Il n’existe personne sur terre qui connaisse Dieu mieux que lui. »
À son réveil, Cheikh Al-Hassan écrivit immédiatement une lettre à Cheikh Ibrahim Niass à Kaolack – un nom et une ville qu’il ne connaissait pas auparavant.
Le Cheikh lui répondit en lui envoyant les litanies (zikr) à réciter avant même leur rencontre, y joignant des révélations qui se réalisèrent par la suite.
Compagnonnage avec Cheikh Ibrahima Niass
Cheikh Al-Hassan quitta le Fouta pour rejoindre Kaolack et s’attacha à Cheikh al-Islam Ibrahim fils d’El Hadj Abdallah. Il demeura à ses côtés pendant vingt-huit années, recevant de lui des sciences, des secrets et des lumières spirituelles inestimables. Il le servit avec dévotion, à la fois par la plume et le chapelet, se consacrant particulièrement aux retraites spirituelles (khalwa).
Il effectua notamment :
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Une retraite de 8 jours appelée Khasat al-‘Ulyâ (la spéciale des plus grands),
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Une retraite de 72 jours nommée Khalwat al-Samdhâniyya al-Kubrâ (la plus grande retraite éternelle),
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Puis, pendant 7 ans, des retraites de 40 jours répétées régulièrement.
Il était devenu, selon ses propres mots, « comme un chameau libre se promenant dans les khalwa comme dans les prairies ». De ces expériences, il reçut des visions et des inspirations si profondes qu’elles échappaient à l’expression.
Il déclara :
« Dieu m’a gratifié de l’ouverture spirituelle (al-Fath), m’a dévoilé les sciences, les secrets et les parfums divins. Il m’a permis de comprendre les subtilités du Coran et les significations profondes des traditions prophétiques. »
Et encore :
« Notre maître Cheikh Ibrahim m’a accordé l’Ijaza Mutlaqa Shâmila, une autorisation suprême englobant toutes les formes d’autorisation dans la voie Tidjane. Tous mes maîtres furent accomplis ; je n’ai jamais servi un maître incomplet. »
Voyages et Conférences
Cheikh Al-Hassan entreprit de nombreux voyages au Sénégal et à l’étranger, où il anima des majâlis (causeries publiques) pendant plusieurs années. Ses dernières conférences datent de l’an 1396 H (1976). Il se rendit notamment :
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Au Mali, en Haute-Volta (actuel Burkina Faso), au Ghana : 129 conférences,
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Au Maghreb : visite au mausolée de Cheikh Ahmed Tidjane à Fès, et à 28 autres saints (Fès, Meknès, Musâwa, Casablanca),
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À Tunis, en Égypte et au Hijaz : visite de 16 saints,
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À Rabat, où il visita la zâwiya de Cheikh al-‘Arabî al-Sâ’ih et donna 4 conférences,
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À Casablanca et au Caire : 1 conférence dans chaque ville,
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Au Nigéria : 59 conférences à Kano et dans plusieurs villages.
Au total, il anima 201 conférences dans un vaste périple qui l’amena à parler de la Charia, de la Tarîqa (la voie soufie) et de la Haqîqa (la vérité mystique). Ces rencontres attirèrent des foules nombreuses et menèrent un grand nombre de personnes à intégrer la voie soufie.
À son passage au Caire, il rencontra Muhammad Al-Hafiz, fils d’Abdul-Latif, à qui il remit une Ijaza ‘Amma Mutlaqa, une autorisation générale et complète couvrant ses 20 types d’enseignements.
Conclusion
Par ses efforts inlassables, ses retraites profondes, ses compagnonnages spirituels et son enseignement lumineux, Cheikh Al-Hassan Dème demeure une figure majeure de la spiritualité et de la tradition soufie ouest-africaine.
Que Dieu récompense ses pères et ses maîtres dans la voie de la bénédiction.
